Course dans les bois, cette odeur à nulle autre pareille : humus, mousse, écorces pourries chauffées par cette fin d’été. Le soleil par moment, se faufile entre les branchages, éclairant au passage quelques feuilles dont certaines commencent à prendre les chaudes teintes de l’automne : rouge, jaune, ocre, marron et c’est un flamboiement de carnations, de nuances qui jaillissent, éclatent et vibrent.
Et puis, d’un seul coup, une fragrance, une fragrance particulière, forte, insistante, persistante. Le regard se baisse et IL est là, planté au milieu du sol, chapeau d’un marron noir appelant à la caresse, pied pansu et ventru d’un blanc éclatant poussant à l’étreinte de la main.
A la recherche du cèpe, je me sens exister, libre des soucis, ivre de sensations : couleurs, odeurs, bruits avec le crissement des feuilles mortes sous les pas, le craquement sec des bois tombés à terre, le bourdonnement des insectes, le bruissement que le vent doux fait naître au-dessus de ma tête, sans parler des départs brusques de chevreuils ou des sifflements mécontents d’oiseaux dérangés.
La vie est là, en moi et autour de moi, harmonie avec la forêt que je sens respirer comme un seul être. Plénitude. Je retrouve la vue, je retrouve l’espoir.
Il est de ces matins où l’on revient de loin, où le bonheur est tout simplement à cueillir à portée de la main…
2ème prix au concours « L’Art au pied de la lettre », catégorie Poésie libre
Thiers le 5 mai 2006
Bonheur simple... et de saison
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