Bilouba

Un silence total se fit, silence qui dura une éternité. Puis le scarabée se mit à lancer comme une longue plainte, un son que Bilouba n’avait jamais entendu auparavant. Les uns après les autres, les animaux unirent leur voix à la sienne en une symphonie enivrante qui dépassait celle de la mer venant se fracasser contre les rochers, du vent dans les feuilles, des gouttes de pluie glissant lentement sur le sol, du tonnerre tournant au cœur des vallées les plus profondes. Elle allait crescendo pour tenter d’atteindre, semblait-il, les confins du cosmos. Peu à peu cependant, l’intensité tomba et le chant des baleines retentit. Bilouba aurait presque pu penser qu’elles se tenaient auprès de lui et un nuage de mélancolie l’enveloppa. Mais cette langueur fut de courte durée car bientôt, tous, de l’insecte le plus minuscule au mammifère le plus grand reprirent la mélodie, cette fois-ci plus fort encore, appel vibrant à la survie. Et alors, sans l’avoir voulu, Bilouba se mit à pleurer, à pleurer de joie, d’émotion et tous se mirent à pleurer avec lui, unis dans la beauté du chant et du monde merveilleux qui les entourait.